Aujourd’hui, Begoodee, Ulysse et Isou font escale dans le bassin d’Arcachon, au cœur de la nature, où ils ont rendez-vous avec un exflorateur.
A Bordeaux, j’ai rencontré un Merlin l’Enchanteur contemporain. Le visage encadré par de fines bouclettes blondes, un chapeau de toile froissé, le pas silencieux et léger, il est à l’affût de chaque brindille, feuilles ou pétale sur son chemin. Il s’appelle François Maurisse et il est l’homme qui se marie avec les fleurs. C’est un exflorateur. En deux mots, il fait de la haute couture végétale ; il créé des « demoiselles » avec des herbettes et tout ce qu’il trouve de plus beau dans la nature. « Je pars en exfloration sans savoir ce que je vais trouver. Et soudain, un endroit m’inspire ». Dans son sac à dos, une petite table pliante, des outils de chirurgien, un appareil-photo de cador. « Je flashe sur une fleur, des feuilles, une tige, des pétales », raconte-t-il. « Je les agence en les épinglant sur un fond de papier blanc. Et je photographie en très haute définition ». Le résultat est d’une poésie et d’une délicatesse extrême. Les « herbettes » comme il les appelle, ont l’air de respirer, de danser ou de défiler avec grâce sur le podium du magicien qui n’a que 30 minutes pour immortaliser dans son objectif l’éphémère présence. Après, tout se fane et disparaît. C’est une rencontre amoureuse avec les esprits de la nature.
Forêt primaire
Cet amour pour la nature et les fleurs, François Maurisse l’a développé lors de son expérience inoubliable en Thaïlande où il a vécu un an et demi dans une forêt primaire avec des autochtones. « Contrairement à beaucoup, je n’ai jamais pris d’ayahuasca pour pénétrer dans le grand livre de la nature. Je n’ai jamais voulu tricher ou prendre des raccourcis. Un bon tambour et beaucoup d’amour suffisaient à me faire voyager» explique-t-il.
Cet ancien orpailleur, chasseur de papillons, naufragé, restaurateur et ingénieur du son s’est aujourd’hui reconverti en pygmalion des pétales, des herbettes et des feuillages. Il prête vie à la nature et lui donne un corps et un visage. Et quand on les regarde, ses petites fées mortelles, on ne peut plus passer devant une vigne vierge, un mimosa ou une fleur de pissenlit sans demander quel petit mannequin fabuleux naîtrait des mains de François Maurisse. Il est devenu notre 12ème Nominé de la Joie.