Voici mon intervention à la radio ce soir dans La ligne de Coeur sur la RTS La Première. Et merci à Jean-Marc Richard pour prêter son micro à Joy for the Planet!

Aujourd’hui Jean-Marc, je suis à Champoz où j’ai remis une lettre de gratitude à une petite retraitée, Ginette Bechtel de la part de ses anciens voisins, Anne-Catherine et Alain Schneiter, qu’elle avait traité comme les membres de sa propre famille et qui lui sont restés éternellement reconnaissant. Elle leur avait rendu mille et un petits services qui, des années plus tard, sont restés gravés dans leur cœur. J’aime remettre ces lettres de remerciements car ceux qui les reçoivent sont toujours les premiers étonnés à être perçus comme des êtres bons. Vous savez, je crois que c’est cela qui reste dans la grande comptabilité universelle : non pas la somme d’argent que nous avons accumulé sur un compte en banque, ni la réussite sociale, ni les diplômes et les doctorats mais des petits gestes d’amitié, de solidarité ou des petites attentions offertes individuellement à un voisin, à une personne rencontrée dans la rue, ou même une caresse à un animal ou des graines pour les moineaux. Les plus petits gestes d’amour ont les plus grandes répercussions dans l’univers. L’inverse aussi malheureusement. Il faut le savoir. Chacun construit sa petite planète avec les actes de haine ou de bonté qui sont les siens.

Peu importe ce que pense l’entourage, la famille, le milieu d’où l’on vient, notre éducation, notre niveau d’étude. Laisser une trace sur cette Terre, se donner toutes les chances d’être heureux, c’est se libérer de toute forme d’influence pour n’écouter que son cœur et sa petite voix intérieure. Et agir selon ses propres règles du jeu.

Tenez, à midi, j’ai justement fait une nouvelle rencontre sur la route de Joy for the Planet en Suisse et qui parle précisément de cela. Comment rester libre, malgré les pressions extérieures ou même certaines mesures contraignantes. Einstein disait : Ne fais rien contre ta conscience même si l’Etat te le demande. Je vous raconte : C’était jour de lessive et de ménage à bord de mon camping-car et en attendant que mon linge sèche, je suis partie randonner au Mont Girot, au-dessus de Champoz. Et là, j’ai eu la chance de partager un rösti avec un paysan à la retraite et deux bûcherons, plein de gentillesse. L’un d’eux, Jacques, était taillé à la hache, c’est le cas de le dire ! Un jeune colosse, avec 40 ans de bucheronnage, un gladiateur torse nu, à la peau cuivrée comme une statue antique en bronze coulé. Nous parlions un peu de l’actualité et du coronavirus et quand j’ai compris que j’avais affaire à un rebelle, je lui ai demandé comment il résistait aux mesures de protection, comme le port du masque ou la possibilité d’un vaccin anti-covid obligatoire. Et il m’a répondu qu’il évite simplement les grandes surfaces ou les lieux publics où le port du masque est obligatoire. Quant au vaccin, il m’a répondu qu’il était exclu qu’on lui injecte n’importe quoi dans le corps (je le cite) et qu’on touche à son intégrité physique, que protège la constitution suisse, si celle-ci est respectée. Il m’a dit que son meilleur vaccin est et restera un bon verre de vin rouge !

Et une fois de plus, je me suis rendue compte que les joyeux que je rencontre sur mon chemin depuis l’aventure européenne en 2018 ont tous pour dénominateur commun une particularité : ils sont des esprits libres. On peut donc tirer un parallèle entre la joie et la liberté.

En nous quittant, ce bûcheron m’a dit : « Une chose est sure : le paradis, c’est ici-bas qu’il existe et qu’il faut le vivre. Et vivre son paradis, c’est préserver, défendre ou reconquérir sa liberté, si on l’a perdu. En fait, je crois qu’il parlait de souveraineté, c’est à dire une liberté plus profonde encore. Celle de gouverner son existence par soi-même.

Car il ne faut pas confondre la liberté de l’adolescence et la souveraineté. Je ne parle pas de cette liberté capricieuse et impulsive qui rue dans les brancards, saccage les vitrines des grands magasins, fume du haschich à la moindre contrariété, jette sa canette de bière par la fenêtre de la voiture, crache sur les parents ou les présidents, donne des claques tous azimuts, fait l’amour en public ou insulte les institutions. Non, je parle d’une liberté qui consiste à prendre nos décisions à partir d’un espace de liberté en soi, lavé de toute hypnose collective et de ses conditionnements familiaux et sociaux.  C’est une région intérieure où les concepts de bien et de mal s’effacent, comme nous y invite le merveilleux poète perse Djalâl-od-Dîn Rûmî : Tout là-bas, au-delà des idées de mal faire et de bien faire, il y a un champ. Je t’y rencontrerai. Quand l’âme se couche dans cette herbe, le monde est trop plein pour que l’on puisse en parler. Les idées, le langage et même la phrase « l’un et l’autre » n’ont plus aucun sens.

On peut être libre et serein en prison ou captif entouré de sa famille, dans son bureau ou dans son jardin, si nous sommes verrouillés de l’intérieur, si nous sommes phagocytés par nos peurs, nos croyances et nos jugements. Chaque seconde, il nous est demandé de choisir entre rester dans notre zone de confort ou préférer dépasser nos pensées entachées de doutes, pour plonger dans la confiance, dans l’amour de soi et des autres. Un écrivain que j’aime beaucoup, feu Jean-Edern Hallier, a dit :  La vie vous place devant cette alternative : réinventer l’honneur, la noblesse et le courage ou mourir frileux, repliés sur soi-même.  C’est la liberté du libre arbitre qui consiste, à mon sens, à choisir entre la peur et l’amour, entre laisser régner la personnalité ou lui préférer l’âme comme gouvernail.

Tout cela pour dire que lorsque l’on est libre, l’on vit la joie au quotidien. Et c’est contagieux.  Parce que lorsque nous sommes dans la joie, nous avons envie que les autres le soient aussi. La sagesse de la joie va de pair avec une sagesse de l’engagement. Il nous devient alors vital de nous engager pour faire reculer le malheur du monde, avait déclaré un jour l’écrivain Frédéric Lenoir.

C’est bien en quête de cette liberté et de cette bonté, source inépuisable de joie, que j’ai traversé en 2018 vingt-trois pays, parcouru quarante mille kilomètres, et que je continue actuellement à traverser la Suisse pour témoigner du meilleur en l’Homme.

 

 

 

 

 

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