Jeltje Gordon-Lennox est venue à ma rencontre à Zernez. Elle loue un petit appartement à Scuol pour se ressourcer, après un douloureux épisode personnel qui a gravement atteint sa santé et celle de ses proches.

Il y a quelques années, suite à une accident de chantier lors de la rénovation et le ‘déplombage’ de quatre appartements dans son immeuble à Genève, elle et sa famille ont été contaminés et exposés à de très hautes quantités de plomb, ce qui a eu pour conséquence de sérieux troubles neurologiques chez elle, son mari et leurs enfants. L’un d’entre eux a perdu la moitié de sa fonction rénale. « Nous sommes rentrés de vacances et nous avons découvert notre appartement sous une couche épaisse de poudre comme si une bombe de poudre avait explosé dans notre maison. Cela nous a brûlé les pieds et les voies respiratoires. Le service cantonal de toxicologie a fait des prélèvements et mesuré 60 fois plus de plomb que les normes pour des lieux habités. Néanmoins, leurs résultats sont arrivés six semaines après l’accident, trop tard  pour prouver que la dégradation de notre santé est en lien avec les travaux. Donc la régie n’a rien voulu savoir. Je n’ose pas imaginer l’état des six maçons roumains qui ont passé quatre mois à poncer cette peinture au plomb, les fenêtres ouvertes mais sans protection. Le propriétaire, la CODHA n’a jamais pris leur responsabilité », déplore Jeltje qui a perdu son emploi, ses nombreuses activités annexes, sa santé, son argent et son énergie, à tenter d’obtenir justice et réparation. « Je ne demande rien d’autre qu’un pardon. Juste reconnaître le mal qui nous a été fait. » Jeltje et sa famille ont tenté d’obtenir cela lors d’une conciliation, sans succès. Ils sont encore bien bons de ne pas poursuivre en justice le propriétaire qui a bien de la chance d’être basé en Suisse. Aux États-Unis, il ne dormirait certainement pas tranquille aujourd’hui et aurait du verser des millions de dollars à la famille. Son mari musicien, a depuis lors des pertes auditives, mais il est le seul sur qui la famille peut s’appuyer aujourd’hui pour vivre.

Or, malgré ce terrible coup du sort, Jeltje est une battante admirable. Avec son époux, musicien professionnel et doyen de la section jazz du Conservatoire populaire de Genève, ils ont adopté deux enfants. En plus, Jeltje est auteure de plusieurs ouvrages qui traitent des rituels émergents et ceux qui nous permettent de nous libérer des traumatismes. En fin d’année, elle sortira son 7ème livre sur le traumatisme et les ritualisations en temps de peur. Un sujet largement d’actualité! En effet, cette dynamique suissesse est psychothérapeute, auteure, formatrice en accompagnement sur les rituels. C’est elle qui introduit le métier de célébrant séculier dans les parties francophones de l’Europe à partir de 2000 et qui a fondé l’association Ashoka en 2003.

Après avoir été pasteure auprès de l’Église protestante de Genève, elle décide de sortir du dogme et des croyances étriqués pour offrir la possibilité à chacun de vivre une cérémonie au plus près de ses valeurs.  Elle a formé de nombreux célébrants séculiers depuis 2006, dont moi! Et j’ai eu l’honneur de célébrer en tout et pour tout, un enterrement et un mariage, mes activités journalistiques ayant largement pris le dessus! À plus d’un titre, Jeltje a été une « ouvreuse » de voie, et a permis à ce que, par exemple, des musulmans ou des juifs puissent épouser des chrétiens sans créer de psychodrames ni de dépendre d’une église, d’une mosquée ou d’un temple pour s’aimer librement. Elle a même officié dans une minuscule chapelle abandonnée et non consacrée au milieu d’une forêt en Sologne pour unir un couple qui n’était pas religieux mais avait de profondes valeurs spirituelles.

Depuis l’adoption de ses enfants jusqu’à ses nombreuses activités pour offrir de l’écoute à toute personne désireuse de s’extraire d’un système de pensées pour vivre sa vérité, Jeltje n’a cessé d’être une semeuse de graines.

Pour lui témoigner ma reconnaissance et pour l’aider dans son combat pour recouvrir la santé et celle de ses proches, il m’a semblé important de lui offrir une médaille en graines d’Artémisia, si joliment conditionnée par mon partenaire, l’association Ressources. Pour rappel. ResSources mène une réflexion et des actions concrètes, dans le domaine des ressources alimentaires et des connaissances en relation avec les semences, le sol et la chaîne de production alimentaire. Pour une santé optimale par le retour à notre souveraineté alimentaire!

J’ai une grande admiration pour la persévérance et le courage de cette femme qui ne baisse jamais les bras, qui se réinvente en permanence pour guérir et rebondir après de nombreux épisodes difficiles de son existence. Toujours pétillante et joyeuse, la vitalité et la foi ne l’ont jamais quittée.

C’est aussi grâce à elle que j’ai découvert les prodigieuses sources d’eau minérales de Scuol, un parcours « eaunologique » pour déguster les millésimes de la Terre dont j’ai réalisé un petit reportage.

 

 

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