Voilà le Noël dont je rêvais! J’ai passé un 25 décembre à l’alpage, dans la petite et féérique bergerie de mon ami berger Alphonse Bachmann, près de Charmey. Alphonse est un berger philosophe, un sage libéré et dépouillé de tous biens matériels superflus. Comme tous les bergers, il est un guide…Ces hommes-là se “récoltent” comme la goutte de rosée des alchimistes. Avec la plus grande des rareté. Chaque fois que je passe quelques heures avec lui, je repars emplie de joie et d’Amour. Je lui ai monté des provisions pour quelques jours, surtout des fruits et des légumes frais. Voilà 29 ans qu’il vit toute l’année dans cette extraordinaire petite “chaumière” qui vibre de son énergie, de son esprit tranquille et de son silence habité. Je l’avais rencontré grâce à ma grande amie Yvette Petermann, agricultrice biodynamique à Delémont.

Alphonse va régulièrement rendre visite à ses amis, les moines chartreux de La Valsainte avec lesquels il a vécu pendant 4 ans. Il m’a préparé un repas de Noël “christique”, plein de saveurs et de la simplicité dont j’avais besoin en cette période de folie consumériste, à mon retour de ce grand périple où j’ai vécu de si peu… Sa soupe à la courge m’a laissée sans voix… Il y avait ajouté un peu d’aubépine macérée dans de la liqueur de pommes. Voilà l’esprit de Noël auquel j’aspire: se relier au reste du monde par la communion des âmes et dans le silence d’une bergerie sous les étoiles. Ici, j’ai l’impression de renaître à chaque seconde dans ma véritable nature…La plupart du temps,

Alphonse se nourrit de ce qu’il cueille autour de sa maison: des plantes, des fleurs ou des champignons. Parfois, les moines lui offrent un morceau de lard fumé et du pain.

Envie de vivre vraiment?

Alphonse commence à sentir le poids des années (62 ans) et la rigueur des saisons de travail pendant lesquelles il tient à ramasser les bouses pour offrir une pâture optimale à son bétail dont il prend soin comme de sa propre famille, du mois de mai à septembre. Une tâche dont il s’acquitte avec patience et dévouement depuis bientôt 30 ans. Il vit tant dans la conscience du monde et des autres, en exécutant chaque petites actions comme une caresse pour la Terre que Joy for the Planet en a fait son 52ème Nominé de la Joie!

D’ailleurs, avis à vous chers lecteurs! Alphonse cherche de l’aide bénévole pour la saison 2019, du 20 mai au 20 septembre. En contre-partie, il vous enseignera la science des plantes et des tisanes et autres sagesses à découvrir là-haut… Pré-requis, avoir de la force dans les bras pour encadrer le bétail et ne pas rechigner à ramasser des bouses toutes la journée! Ce n’est pas une corvée mais un acte alchimique que vous ne pourrez comprendre qu’en vous mettant au travail… Le candidat peut aussi se présenter pour deux semaines seulement. Personnellement, je pense que celui ou celle-là sera un(e) très grande chanceux(se)! Une vidéo est en cours…

Alphonse est aussi poète. Je publie ici quelques extraits de nos échanges par sms…

 

Alphonse le poète

Für mich gibts nur eine familie, eine nation, ein volk, ein recht, eine pflicht, einen gott, heisst: MITmenschwERDUNG.
Pour moi, il n’y a qu’une famille,
 qu’une nation,
 qu’un peuple,
 qu’un droit,
 qu’un devoir,
 qu’un dieu…
c’est de
DEVENIR HUMANITÉ.
C’est ainsi que la beauté du coeur fait briller les yeux pour embellir l’âme humaine dans sa joie profonde.
Heisst: man/frau kann nicht zwei herrInnen dienen: einer rücksichtslosen, unmenschlichen ren(n)tier-selbstsüchtigen und gleichzeitig einer humanen, solidarisch+ rücksichtsvoll handelnden, bescheiden und selbstlos bleibenden…
Denn geben ist immer noch mitmenschlicher als nehmen…
Genommen haben wir unbewusst spätestens seit dem ersten (augen)blick, (atem)zug, (abend)mahl, (fort)schritt,
mehr oder weniger (selbst)süchtig…
Y a-t-il quelque chose de plus beau qu’un coeur qui aime? Des yeux qui brillent? Une âme qui se donne?
Alphonse Bachmann

J’ai rarement autant apprécié un repas que chez mon ami berger! “Je t’ai cuisiné avec toute mon âme” m’a-t-il confié…

 

 

 

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