Je vous assure que ma joie a été mise à rude épreuve depuis trois jours! Mais je n’ai pas flanché! Je me suis retrouvée avec deux bouteilles de gaz (françaises) vides à Madrid (j’ai mal anticipé ma logistique) où je ne m’attendais pas rencontrer la pluie et le froid. Pourtant, j’avais réussi à tourner sur les deux mêmes bouteilles depuis 10 mois, en les remplissant au fur et à mesure ailleurs en Europe!

Pas moyen de remplir ses bouteilles de gaz en Espagne (à moins que je n’ai pas réussi à trouver la bonne adresse) et surtout, les stations-services vendant du propane sont rarissimes. Ici, on roule au butane! Bref, comme je suis têtue, j’étais sûre de trouver la précieuse bouteille à Madrid! J’ai écumé la capitale de 22h à 1h du matin cette nuit, et encore toute la matinée depuis 6h ce matin! J’ai même dormi devant une pompe à essence dont on m’a dit qu’elle vendait du propane… A la première heure, je me suis présentée au garage mais je suis repartie une fois de plus bredouille. Le pompiste m’a donné cependant le seul conseil valable contrairement à tous les autres, adorables néanmoins, qui m’ont chaque fois envoyé pour rien dans des stations-service à plusieurs dizaines de kilomètres, en plein embouteillage. Ce vieux pompiste m’a donc dit, ce matin à l’aube: “La seule solution, c’est de vous poster avec votre van au bord de la route et d’attendre qu’un camion distributeur de bonbonnes passe dans le coin. Après, vous essayez de le rattraper et de lui acheter une bouteille de propane! Il distribue les deux gaz pour les particuliers de Madrid!” Aaaaah, je me voyais bien me mettre en chasse toute la matinée sur les traces de cet improbable camion… J’ai encore zigzagué dans toute la ville, parcouru presque une cinquantaine de kilomètres en quête de ma précieuse bouteille mais toujours rien à l’horizon. Tous les pompistes de Madrid ou presque me connaissent maintenant!

Finalement, en fin de matinée, j’ai jeté l’éponge et je m’étais résignée à acheter une petite bonbonne de butane espagnole avec une grosse caution + contrat obligatoire pour acquérir une bouteille dont je ne saurais plus comment me débarrasser par la suite, quand…. en passant devant une ruelle, j’ai aperçu le fameux camion flanqué d’une cinquantaine de bouteilles oranges! Nom d’un chien! J’ai planté les freins, fait demi-tour en coupant une double ligne blanche en plein trafic, pris un sens-unique et j’en passe pour ne pas perdre de vue ma proie! Un vrai far-west! J’ai planté les freins à côté du véhicule et j’ai sauté sur le chauffeur, en lui suppliant à genoux de me vendre une bouteille de propane. J’ai retenu mon souffle… Voilà une semaine que je ne pouvais plus me faire à manger ni me chauffer! Par pitié!

“Mais bien évidemment ma chère Madame, aucune problème! Il a fait basculer sur son dos la divine bouteille, me l’a fixée dans mon coffre en 3 secondes et le tour était joué! Je n’en revenais pas! J’étais tellement heureuse que j’ai donné un petit pour-boire à mon sauveur qui s’en est allé, à peine conscient qu’il venait d’offrir une joie infinie à une inconnue!

Je me suis dit que finalement, nous courions tous toujours après quelque chose: l’amour, l’or, l’argent, la reconnaissance, un peu de nourriture et moi, après du gaz! Comme tout est subjectif au fond, selon nos besoins et nos manques. Jusque-là, je n’avais pas mesurer le caractère si précieux de chacune de nos ressources naturelles et le gaz en particulier. Il m’aura fallu courir après lui pendant trois jours pour que j’apprenne à l’aimer, à le bénir lui aussi.

Merci à tous ceux qui m’ont donné leurs conseils sur Facebook ou par messages privés sur whatsapp ou autre. Et merci à Yves Linder en particulier.

 

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